Que faire en 37 heures, 33 minutes et 15 secondes ? Chercher un trèfle à 7 feuilles ? Rouler jusqu’à Örnsköldsvik ? Apprendre l’Esperanto ? Se faire tatouer le ventre et le dos ? Daniel, Françoise et Jean-Jacques, de l’association Marmottes et Marmots ont trouvé mieux ! Ils se sont inscrits à l’ultra-trail des Pyrénées des 28, 29 et 30 août : 156 kilomètres, plus de 9000 mètres de dénivelé cumulé D+ et… plus de 9000 mètres cumulé D- …of course !
Quelques
détails pour vous faire regretter de ne pas vous être inscrits :
contrairement à l’ultra-trail des Alpes, il se déroule presque
uniquement sur des chemins : peu de bitume ! On sent mieux les
pierriers, les éboulis, les racines, la boue, les épines, les trous,
encore mieux la nuit, sous la pluie ou dans le brouillard. Il y a eu
des heures de pluie et des heures de brouillard, quelle aubaine ! Et
les derniers arrivés ont profité de deux nuits complètes.
484 partants dont 26 femmes, 304
arrivants dont 13 femmes.
Ils sont venus en «individuel» ou bien représentaient un club : j’ai repéré « L’orteil en pointe », « Ultra fondus » « Les 1000 pattes », « Run et sens », « Courirlemonde »…. Dimanche soir, la première que je rencontre, c’est Françoise Grebille, fraîche, heureuse et bavarde comme une gamine qui vient de recevoir son premier vélo. Vous connaissez sa foulée : elle marche sur l’eau sans réveiller les poissons ! Elle est arrivée 166 ème, 3ème «vétérante féminine», ce qui veut dire : photo- sur-le-podium, après avoir couru 37 heures et 33 minutes entre Néouvielle et Pic du Midi, entre Nestes et Gaves.
Je vous le distille…on ne sait jamais, si vous étiez libres le week-end prochain : Départ «à la frontale» vendredi 28 à 5 heures du mat’ de Vieille-Aure (791m) vers le col du Bastanet à 2507m, mise en bouche de choc, que je te redescends à Artigues et que je te remonte au col de Sencours. Françoise est sceptique et se demande si elle va y arriver, sa course la plus longue (71km) c’était «les Citadelles de Foix». Après plusieurs dents de scie, redescente à Pierrefitte (475m), remontée au Turon de Bene (1549m) où là, Françoise sait qu’elle en a fait la moitié, qu’elle a fait ses 75 km. Re-grimpette au Cabaliros (2334m) et redescente à Cauterets à 925m et re-col de Riou à 1945m. Françoise a le temps de repérer une gentiane agglomérée qu’on lui avait récemment «présentée»… et que je te redescends à Luz St Sauveur (717m) : «Le samedi matin, alors que je courais depuis 24 heures et qu’est apparue la 1ère montée, j’avais l’impression de commencer une journée après une nuit de sommeil, j’étais en forme et je savais que je terminerai».
Et voilà qu’on regrimpe et là, ça devient terrrriple ! au col de Barèges à 2469m, un petit tour plus bas au lac de l’Oule, re-col de Portet pour s’achever les quadriceps et enfin les dernières et détestables deux heures de descente vers Vieille-Aure, arrivée à l’heure de l’apéritif : 18 heures 40’, au chrono des marmottes du coin, les pieds douloureux, macérés, tout plissés et couverts d’ampoules. Certains coureurs ne pouvaient plus quitter leurs chaussettes à l’arrivée! Les derniers n’arriveront que demain matin après 49 heures et 31 minutes d’efforts inouïs. Un balisage fluo très rapproché, des points de ravitaillements et des bases de vie uniquement où l’accès aux voitures est possible, des bénévoles à vos petits soins, des pâtes, du jambon, de la soupe, du fromage, des lits. De vrais gestes de camaraderie tout au long du parcours, pour un raid sans renom, qui en est à sa deuxième édition, doté de lots très modestes, Françoise, dossard 556, est intarissable. Qui attendait un récit du Chemin des Dames ? Nous avons eu Rostropovich dans les suites pour violoncelle de Bach, 37heures, 33 minutes et 15 secondes, que du plaisir !
Autan de Clermont, octobre 2009